Dans un immeuble comprenant six petits appartements celui du vieux
Monsieur Fellini mort dans l'indifférence est resté vide fort longtemps.
Un jour d'octobre un ouvrier de l'Immobilière du centre vient apposer une
plaque sur la boite aux lettres.
En relevant leur courrier, les habitants de l'immeuble peuvent lire :
S. STEINBECK - A. HADDAD
Vous imaginerez les interprétations multiples de chacun des cinq
autres occupants de l'immeuble, en les situant d'abord
par une brève description
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DE NOUVEAUX NOMS DANS L’IMMEUBLE
Laurence alerte et sportive monte l’escalier vivement, un cadeau à la main pour Julie qui fête aujourd’hui ses seize ans. Son regard fixe la porte de feu monsieur Fellini « Tiens, une plaque avec des noms, l’appartement est donc loué, Steinbeck, un nom d’écrivain, peut-être le nouvel arrivant sera t-il aussi littéraire que son illustre homonyme ? (Laurence pense à sa librairie)…A. Haddad… Sa compagne sans doute, un nom à consonance arabe, aucun souci, j’apprécierai de bavarder avec elle de temps en temps ! »
Jean-Claude chauffeur routier la nuit arrive au petit matin .Prenant son courrier il remarque deux nouveaux noms sur la boîte voisine. Il se met à grommeler « Il n’y avait pas assez des logements sociaux près de l’immeuble, voilà que des étrangers avec leurs odeurs, leurs bruits, leurs ‘matrus’ délinquants se sont infiltrés chez nous ! Si je retrouve ma boîte à lettres enfoncée ou mon paillasson brûlé je mettrai une affiche sur ma porte ‘ la boîte et le paillasson vandalisés resteront tel quel’… Je suis furieux, la France aux Français bordel !!! »
Francine prend son courrier « Des factures, toujours des factures, tiens, une carte d’Ouzbékistan signée Yvette Marcelle Claude Huguette. Ah, elles ‘s’en paient’ les veuves ! Quand je pense que mon mari ne veut plus prendre l’avion et reste accroché à son clocher ! ». Tout en maugréant, les yeux de Francine fixent les noms inscrits sur une plaque en cuivre : « Steinbeck, Haddad…Deux patronymes qui fleurent bon l’exotisme, qui ont un goût d’ailleurs…Haddad, cela fait marocain, j’ai tant aimé les villes impériales, je voudrais connaître le sud, mais seule je ne serais pas tranquille, je demanderai à Pauline si elle veut bien m’accompagner… A.Haddad , si c’est une femme je tâcherai de m’en faire une amie afin qu’elle m’apprenne la cuisine orientale, ‘les cornes de gazelles’ quel délice ! »
Louis, retraité de la police nationale arrive d’une randonnée de onze kilomètres à partir du Bessat. Il est fatigué et frissonne : l’automne est bien précoce, il
ne fallait pas trop s’arrêter ! La douce chaleur du hall l’envahit. Il jette un oeil distrait aux boîtes à lettres « Tiens, l’appartement vide a été loué : Steinbeck, mais ça sonne juif ! Et Haddad, sûrement un ‘bougnoule’… Notre ville ne s’arrange pas : entre les ‘kebbabs’ et les ‘enrubannées’ il y a bien longtemps que je sors le moins possible ! Ces deux-là auront intérêt ‘à se tenir à carreaux’, j’ai toujours mon ‘flingue’ à portée de main ! »
Coraline, étudiante rentre de la fac de médecine. Après un trajet en bus et une longue journée en ‘amphi’ elle est heureuse de retrouver le F2 qu’elle loue ici, moins onéreux qu’à Lyon. «Des nouveaux dans l’immeuble, peut-être une mère et son fils ?... Elle pense à sa tante qui vient de divorcer, à son nom de jeune fille au-dessus du nom de ses enfants sur la boîte à lettres. Elle a eu tant de peine quand son mari l’a abandonnée, en voyant tous ces noms, la première fois, Coraline a essuyé une larme : les hommes sont faibles et irresponsables, pense la jeune fille… J’espère qu’il y aura un jeune dans ces deux nouveaux noms pense t-elle, car les autres locataires bien que sympathiques et polis avec moi sont très occupés y compris les retraités. Un jeune voisin, ce serait bien pour bavarder et pourquoi pas m’aider en biologie ‘ma bête noire’…..J’ai une idée, je vais voir avec Laurence, qui est super gentille et toujours pleine de projets, nous pourrions organiser un ‘pot de bienvenue’ ainsi nous mettrions un visage et connaîtrions mieux qui se cache derrière ces mystérieux noms…. »
Danièle 16/10/ 2010
Danièle-*-*-*-*-*-*-*-*-*-
Madame Mercedès GARCIA se réveille toujours de bonne heure. Dans cet immeuble situé rue Gambetta à SAINT ETIENNE, elle connaît tout le monde. Mais ne vous y méprenez pas, ce n’est pas la gardienne !
Vers 9 heures ce matin là, elle voit entrer un homme portant sur sa veste le logo de leur régie : « l’Immobilière du Centre ».Très curieuse, Madame GARCIA l’observe à travers l’œilleton de sa porte. Il ne va pas loin, juste devant les boîtes à lettres. Il visse une nouvelle plaque comportant deux noms de famille après avoir enlevé celle de Monsieur FELLINI décédé il y a bien six mois maintenant.
Pauvre homme, n’ayant pas de famille, très solitaire, voire même peu sociable, il est mort dans l’indifférence générale.
Son travail terminé, l’ouvrier s’en va. Madame GARCIA s’empresse d’aller voir la nouvelle plaque. S’emparant d’un saladier qu’elle avait emprunté à sa voisine de palier Madame Germaine DURAND, elle frappe à sa porte et lui explique qu’il y a du nouveau.
Tiens, bizarre ces noms marmonne Madame DURAND, ça doit être des étrangers : S. STEINBECK et de A. HADDAD ?
Il faudra faire attention, on se sait jamais, on était tranquille dans notre immeuble avec des gens sans histoire…. à part Monsieur FELLINI qui était un peu ours, tous les autres propriétaires se saluent cordialement et s’estiment. Madame GARCIA opine du chef : « ça c’est vrai çà ! ».
Au rez de chaussée, à droite en entrant c’est l’appartement de Madame GARCIA. Au centre, celui de Madame DURAND et à gauche, celui de Monsieur Félix POTTIN. Justement, ce dernier sort de chez lui, il va relever son courrier et salue poliment ses deux voisines : « bonjour Mesdames, comment allez-vous ce matin, le froid s’installe et oui, dans quinze jours nous serons à la Toussaint »
Toutes excitées de voir la réaction de Monsieur POTTIN lorsqu’il apercevra la nouvelle plaque, nos deux commères l’observent attentivement.
«Oh, il va y avoir de nouveaux occupants à la place de Monsieur FELLINI. Ces noms STEINBECK et HADDAD me font penser à des écrivains, ce sera bien un peu de nouveauté ici! » Précisons que Monsieur POTTIN maintenant retraité, était professeur de français.
Toujours bien mis, vêtu d’un costume avec chemise et cravate, c’est un homme affable. Il a perdu sa femme il y a deux ans et ses deux voisines, veuves également, le regardent avec dans l’œil une envie de le materner et surtout, vu le caractère de ces dernières, de le diriger avec une poigne de fer en voulant lui rendre service, bien sûr !
Mais Monsieur POTTIN n’est pas dupe et à part les salutations d’usage, il évite les deux pipelettes.
Un peu plus tard dans la matinée Mademoiselle Adélaïde de MAISTRE célibataire d’un âge certain, descendante d’une famille aristocratique désargentée, réside au premier étage. En allant relever son courrier et au vu de la nouvelle plaque, se dit « in petto » « ces noms ne font pas très chrétiens ». Catholique pratiquante, elle a assumé les fonctions de Gouvernante à l’Evêché mais ne se sent pas du tout raciste. Elle serait très surprise de se l’entendre reprocher. De par son éducation, elle ne se mêle pas à n’importe qui, à n’importe quel manant !
Son voisin immédiat, Monsieur Gaston PAYS est plutôt jovial. La cinquantaine épanouie, il change souvent de compagnes et mène une vie un peu dissipée. Epicurien il aime la bonne chère et reçoit des invités fréquemment. Sa réaction face aux deux noms fut une simple curiosité. Sont-ce des hommes, des dames ? on verra bien.
Tous les occupants de l’immeuble comme par hasard, se retrouvent le 30 octobre à vaquer dans le hall. Qui, en sortant son chien (Madame GARCIA). Qui, en briquant la plaque de sa boîtes à lettres (Madame DURAND). Monsieur POTTIN va acheter du pain, Quant à Mademoiselle de MAISTRE, elle se rend chez sa cousine habitant tout près de là. Monsieur PAYS sort de chez lui avec une très jolie dame laissant dans son sillage un parfum très agréable.
Ils attendent tous sans se l’avouer les nouveaux arrivants de pied ferme.
Voici le camion de déménagement. Suspens, les portières s’ouvrent …….mais patience, vous découvrirez qui sont ces personnes prochainement…………..
Simonne
SIMONE