Texte sur la PEUR

J'avais toujours peur de la passerelle qui passait au dessus du boulevard de ceinture...

Mais au moins lorsque je devais l'emprunter deux fois par jour pour aller 

et revenir de l'école, je n'étais pas seule. J'étais entouré de tous les enfants 

en grappe et des mamans qui les accompagnaient . Je pouvais avoir une démarche 

mal assurée, obnubilée que j'étais par le vide bien visible à travers les grilles du parapet .

Ca ne se remarquait pas trop.  J'essayais de rester le plus possible au milieu . 

Mais ce jour-là en rentrant, je n'avais plus ma veste. " tu as du l'oublié quelque part retourne

sur le chemin pour la chercher. Je restais figée devant cette perspective. Allez dépêches-toi 

sinon tu risques de ne pas la retrouver.

Me voilà dans la rue remontant vers ce lieu qui me fait horreur. Je me sens défaillir. Il n'y a plus

personne dehors en ce mois de septembre où les soirées commencent à fraîchir. 

J'observe les escaliers qui montent par lesquels il me faudra passer. Mes jambes sont molles. 

Je serai seule là-haut . Je scrute le trajet qui m'attend de l'autre coté : L'allée de platanes 

dont les feuilles tombées bougent sous le vent et aux passages des automobiles. 

Soudain je vois un homme seul qui vient en sens inverse, c'est obligé il va monter sur la passerelle

Nous allons nous croisé ! A quel moment ? Non pas sur la passerelle où il pourrait m'attraper, 

me pousser que sais-je et où je ne pourrais m'enfuir . J'avale ma salive. Malgré des frissons dans le dos

je reste bien droite, à une allure normale . J'essaye de retrouver la raison. C'est un peu comme

pour les chiens il ne faut pas leur montrer qu'on a peur . Une fois passé la passerelle , croisé l'homme ,

un moustachu avec un manteau gris qui poursuit son chemin dans une indifférence totale,

je prends mes jambes à mon cou et entre dans le jardin où les jeux ont été désertés et tout de suite 

je vois mon gilet rouge sur un banc. Je continue ma course pour le ramasser et repartir vers mon calvaire 

à petites foulées cette fois.

En quelques enjambées je me retrouve dans la rue. La peur diminue Le jour décline mais les lumières rassurantes

 s'allument aux fenêtres des immeubles ainsi qu'à celle de la cuisine chez ma grand-mère. J'arrive.

J'annonce d'une voix tremblotante : Je l'ai. Tu as couru , pourtant tu as pâle comme un linge

EN TI LA TIERRA (Pablo NERUDA)      Ma modeste interprétation lors de mon dernier atelier en mai 2013:


Petite fleur.

Ma petite.

A ce moment si petite, nue,

que tu tiendrais dans ma main

Je pourrais la fermer et t'avaler

L'instant d'après, nos pieds se mêlent

et ma bouche happe tes lèvres .

Ton corps s'affirme,

tes épaules se redressent comme deux collines .

Ta poitrine foule ma poitrine .

je n'arrive plus à t'enlacer nouvelle lune 

que tu es devenue .

L'amour te libère

comme l'eau de la mer sous la tempête 

Dans tes yeux je vois le ciel.

En un baiser j'embrasse la terre.